Incroyable mais vrai, Nikolaï Lugansky ne s’est pas toujours senti beaucoup d’affinités avec Beethoven. Le temps fait heureusement son œuvre : « chaque année, je découvre de plus en plus de sens dans sa musique. Ce monde incroyablement riche montre comment une personne dans la situation la plus tragique trouve la force en soi pour poursuivre sa vie et sa créativité, pour surmonter toute catastrophe émotionnelle ».
Aux « Clair de lune » et « Appassionata », il adjoint deux opus de Franck qui, comme en témoignent les récompenses glanées en 2020 par les lectures fixées pour Harmonia Mundi, sont faits pour sa technique d’orfèvre, ses improvisations feintes, sa maîtrise intellectuelle de la construction.
Fidèle aux concerts du dimanche matin de Jeannine Roze Productions, comme à Schubert, Adam Laloum nous réveille avec un Opus 94 qui vibrera forcément au diapason de sa sensibilité. Rejoint par les seize cordes de la fratrie Tchalik, le programme change de ton avec Antonín Dvořák, dont le Quintette à clavier n°2 composé à la fin de l’été 1887 ne manque ni de vigueur ni de couleurs. Les frétillements du Furiant ne rappellent-ils pas ceux de l’auteur de La Truite ? Reste que, même hors de la célèbre Dumka aux inoubliables lamentations, la mélancolie du Tchèque mâtine jusqu’aux passages les plus joyeux. C’est la vie de Bohême Avenue Montaigne !